Le réseau des agriculteurs et agricultrices Bio
de Provence-Alpes-Côte d'Azur

Semis direct sous couvert végétal en Provence : des résultats prometteurs en conventionnel, des pistes de recherche en bio.

Le CASDAR semis direct [1] sous couvert végétal porté par la Chambre d’Agriculture 04, avec Agribio 04 et Arvalis a permis de suivre 27 parcelles en trois ans engagées dans des techniques de semis direct en couvert mort, vivant en bio et en non bio. L’analyse globale des résultats permet de démontrer qu’il est possible de faire aussi bien en rendement en semis direct qu’en mode de production « classique » avec travail du sol, y compris avec couvert vivant lorsque ce dernier est régulé au bon moment et avec la bonne intensité. L’analyse du pourcentage de réalisation des potentiels de rendements climatiques des différentes parcelles a permis de montrer l’importance de la nutrition azotée des blés, mesurée par l’Indice de Nutrition Azotée à floraison (figure 1), dans la bonne réussite de ces systèmes. Les points situés en dessous de la courbe bleue représentent des parcelles pour lesquelles d’autres facteurs limitants que la nutrition azotée ont pu influencer à la baisse la réalisation du rendement potentiel (mauvaises herbes, maladies…). A l’inverse, les points situés sur et au-dessus de la courbe bleue représentent les parcelles pour lesquelles le rendement potentiel a été atteint, voire dépasser en fonction de la nutrition azotée des blés. Ces résultats permettent d’identifier les facteurs de réussite et les fonctionnalités positives des systèmes en semis direct.

Figure 1 : Réalisation du potentiel de rendement en fonction de l’indice de nutrition azotée à floraison (S.Jézéquel, Arvalis)

L’importance (et la difficulté) maîtriser la régulation du couvert

En particulier, la réalisation du rendement potentiel semble conditionnée par la bonne maîtrise du couvert (luzerne ou sainfoin ici). Si ce dernier est bien détruit avant le semis du blé, les risques de concurrence hydrique et azoté sont évités. Dans le but de maintenir un couvert vivant permanent ou semi-permanent, outre le fait de calmer le couvert avant le semis (glyphosate en non bio) du blé, une régulation suffisamment forte et tôt en sortie d’hiver permet d’éviter le stress hydrique et d’obtenir un effet positif sur la nutrition azotée du blé, en particulier en post-floraison. Par ailleurs, le maintien d’un couvert, même peu développé, en cours de culture permettrait en conditions méditerranéennes de limiter l’évapotranspiration des sols.
En mode de production biologique, le rendement potentiel apparaît difficile à atteindre du fait d’un fort déficit de nutrition azotée. Par ailleurs, la difficulté de réguler efficacement les couverts sans labour accroit généralement la pression sur la ressource azotée et hydrique et a tendance à impacter à la baisse le pourcentage de réalisation du rendement potentiel. Pour maximiser les rendements, le semis de blé dans des couverts rampants (trèfle) ou le semis à des rangs écartés de blés régulés mécaniquement (dents, binages) dans des couverts déjà implantés apparaissent comme des pistes d’avenir à explorer. Ces innovations nécessiteront des adaptations machinismes pour des régulations efficaces des couverts. En bio, si le constat et les axes de travail sont désormais posés, les références à acquérir sont encore nombreuses.

Figure 2 : Facteurs limitants des rendements en semis direct sous couvert (S.Jézéquel, Arvalis)

Concurrence entre un blé (paille haute, Florence Aurore) semé derrière une luzerne simplement disquée en bio. (photo juin 2016, M.Marguerie)

Mathieu Marguerie (Agribio 04),
Stéphane Jézéquel (Arvalis),
Elsa Cluzel, Christian Charbonnier (CA 04),


[1(Financement Ministère de l’Agriculture)