Etude sur "L’injuste prix de notre alimentation"

31 octobre 2024

Le Réseau CIVAM, le Secours Catholique-Caritas France, Solidarité Paysans et la Fédération Française des Diabétiques ont publié le 17 septembre 2024 leur étude sur « L’injuste prix de notre alimentation ».

Ce document, fruit de longs mois de travail de ces quatre acteurs associatifs et du Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne (BASIC), vient éclairer les coûts que notre système alimentaire fait peser sur la société et la planète.

Comprendre la notion de coût de l’alimentation

Le rapport expose très clairement que le prix est une construction sociale. « Il est le reflet de la valeur accordée, par la société, à tout ce qui permet la fourniture d’un bien ou d’un service. Il est aussi le reflet de choix politiques, par le jeu de soutiens publics, des régulations, des taxes, des exonérations fiscales ou sociales. Nous en avons peu conscience, mais le prix de notre alimentation est ainsi l’expression, au fond, d’un contrat social, d’un choix de société. »

Ainsi, lorsqu’on achète un produit alimentaire, nous payons la matière agricole et nous rémunérons (mal) le travail des producteur-ices et des travailleur-ses de la transformation et de la distribution. Nous finançons également le marketing et la publicité que les marques déploient à grands coups de millions d’euros pour se positionner sur des segments de marché. Nous payons enfin des taxes. Tout cela est intégré dans le prix final.

Mais ce prix ne reflète pas le coût total de notre alimentation, c’est-à-dire le coût des externalités négatives que créent le modèle agroindustriel en amont de l’acte d’achat (pollution de l’eau, des sols et de l’air, pénibilité du travail, etc.) et celles qui interviennent après ce dernier : traitement des déchets, impact sur la santé de la malbouffe, etc.

Pour un certain nombre de ces impacts négatifs, il est possible d’y associer des dépenses publiques qui essayent de corriger ces effets néfastes. Pour d’autres, il est plus difficile, d’un point de vue soit méthodologique soit philosophique, d’y raccrocher un coût. En effet, quel est le coût monétaire de la perte – irrémédiable – de biodiversité engendrée par l’agriculture conventionnelle ou celui du sentiment de honte que ressentent les personnes qui doivent recourir à l’aide alimentaire ?

Le travail réalisé par les acteurs associatifs et le BASIC permet donc d’éclairer ce que coûte réellement à la collectivité le choix de société du modèle agricole productiviste, pertinent au sortir de la Seconde Guerre mondiale mais qui semble à bien des égards dépassé et dangereux en 2024.

Vous pouvez la consulter ci-dessous en cliquant sur l’image :

Et la bio, dans tout cela ?

Le mode de production biologique, qui interdit l’utilisation d’intrants chimiques de synthèse, élimine une grande partie des externalités négatives de l’agriculture conventionnelle. Ce mode de production génère des rendements moindres, nécessite plus de main d’œuvre, suppose d’investir dans des équipements spécifiques, de se procurer des intrants autorisés en AB potentiellement plus chers qu’en conventionnel (semences, alimentation bio du troupeau…),. Par ailleurs, les volumes moindres à traiter tout au long de la chaîne ne permettent pas de réaliser les économies d’échelle qui font la force des systèmes industriels. Par conséquent, produire en agriculture biologique a un coût qui se justifie à plus d’un titre.

Les producteurs et productrices peuvent rogner sur leurs revenus mais les marges de manœuvre sont déjà maigres. Ce sont donc dans la plupart des cas les consommateurs par le prix payés, qui « internalisent » les coûts que l’agriculture fait peser sur l’environnement et la société.

L’équation semble donc claire : il importe que les dépenses qui servent aujourd’hui à réparer les dégâts causés par l’agriculture conventionnelle – sans jamais atteindre leur objectif puisque de nombreux impacts sont irréversibles – puissent demain prévenir ces impacts. Si les fonds publics étaient davantage dirigés vers le soutien à l’agriculture biologique, les dépenses liées à la prise en charge des maladies cardiovasculaires ou liées à la pollution de l’air, de même que les coûts de dépollution de l’eau et des sols pour n’en citer que quelques-uns, seraient immédiatement réduites. En ne dépensant pas un euro supplémentaire d’argent public mais en redéfinissant ce qu’est « le prix social » de l’alimentation, nous pourrions mieux nous nourrir et relâcher la pression qui pèse sur les humains, les animaux et l’environnement.

Pour retrouver l’intégralité de l’article consacré à l’analyse de cette étude et publié sur le site Territoiresbio.org cliquez ici

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