Suite à la récolte catastrophique de 2014 endurée par une majorité des oléiculteurs de PACA, tous modes de production confondus, et parce que certains oléiculteurs ont su faire la preuve de l’efficacité de l’argile blanche, il nous a semblé utile d’en rappeler l’intérêt, les règles d’usage et le coût.
Quelle argile ?
Nous parlons ici de la kaolinite calcinée (argile blanche), qui est la plus efficace (comparée à l’argile verte ou grise) et donc la plus couramment employée. Elle a subi une calcination à très haute température améliorant ainsi ses capacités de résistance au lessivage, aux chocs thermiques et aux UV.
Comment agit-elle ?
L’application agit mécaniquement comme une barrière minérale qui perturbe le comportement de la femelle :
– difficultés d’identification de la plante hôte (couleur modifiée, composés volatiles bloqués) ;
– action répulsive pour le dépôt des œufs.
Quelle efficacité ?
Si elle est bien positionnée, l’argile blanche peut permettre 70 à 80% de réduction de dégâts, même en cas de forte pression de mouche (situations des années 2011 et 2014).
Dans ces cas de forte pression, un ou des traitements complémentaires au Spinosad (Synéïs appât) peuvent être effectués, plutôt en fin de saison (en respectant le délai avant récolte de 7 jours). Limiter toutefois au maximum l’utilisation de cet insecticide qui a des effets négatifs sur beaucoup d’auxiliaires, et qui peut développer des résistances chez la mouche.
Comment l’utiliser ?
• Application en présence simultanée de mouches et de fruits (pas avant mi-juin). Le plus sûr est de surveiller vos parcelles avec des pièges à phéromones et au minimum de suivre les bulletins de santé du végétal ou les avertissements de votre groupement oléicole.
• 1ère application à 50 kg/ha (avec Sokalciarbo, la seule homologuée à ce dosage pour le premier passage). Le volume de bouillie appliquée dépend de la taille de vos arbres et doit assurer une bonne couverture du feuillage et du fruit sans perte au sol (généralement 1000 litres/ha).
• Renouvellement à 30 kg/ha (avec Sokalciarbo ou Argical) dès qu’on voit à l’oeil nu des zones de l’olive non couvertes par l’argile du fait :
– du grossissement du fruit.
– de lessivage par une pluie (même s’il reste quelques traces sur les fruits),
– du vent qui agite les feuilles et fait tomber l’argile.
• Couverture permanente tout au long de la période d’activité des femelles (jusqu’à la récolte certaines années). Surveiller surtout au mois d’août pour traiter avant la reprise des vols.
NB : Rien n’empêche de cumuler l’utilisation de ces deux produits
Matériel et bonnes pratiques de pulvérisation
Par rapport à l’abrasivité des argiles, exclure les pulvérisateurs équipés d’une pompe à piston, et utiliser uniquement des buses en céramique.
La pression de travail pour obtenir une bonne qualité de recouvrement du végétal doit être de 8 à 10 bars permettant des gouttelettes fines et limitant la dérive et le ruissellement.
Le volume de bouillie doit être adapté au volume foliaire du verger : de 800 à 1500 litres / ha. La qualité de recouvrement du végétal est primordiale. Il est conseillé de croiser les applications par rapport au passage précédent. Soigner les hauts de frondaison.
Préparation de la bouillie et application :
Mettre un masque en manipulant les sacs.
Vérifier la propreté des filtres et buses
Mélanger, si possible, l’argile dans quelques litres d’eau avant de diluer la bouillie obtenue dans le pulvérisateur. A défaut, diluer l’argile dans la cuve contenant les 2/3 du volume d’eau et sous agitation forte. Une fois la bouillie homogénéisée, ajouter le volume d’eau restant.
Procéder à l’application aussitôt la bouillie homogénéisée.
Maintenir l’agitation dans la cuve pendant l’application.
Ne pas laisser stagner de la bouillie sans agitation, même un fond de cuve.
Procéder au rinçage à l’eau claire du circuit et de la cuve dès la fin de l’application.
Ne pas négliger le nettoyage du pulvérisateur…
Une grande partie des données de cet article sont issues de la fiche « Ressources » « Argiles en arboriculture » rédigée dans le cadre du programme Ecophyto par le GRAB, la Pugère, la Tapy et la Chambre Régionale d’agriculture PACA.
Rédaction AL Dossin, Bio de Provence
Relecture : Gilles Libourel et François Warlop du GRAB
Crédits photos : François Warlop