Auto-construire collectivement sa bineuse en commun, une solution économique et conviviale

Plusieurs producteurs avaient déjà franchi le pas depuis longtemps. Seuls ou à deux, mais bien trop souvent isolés, ils ont passé de nombreux mois d’hiver occupés dans leur atelier à souder, assembler, mesurer et derrière leur ordinateur ou dans leurs carnets à concevoir et penser le matériel dont ils avaient besoin. Leur démarche : auto-construire leur matériel, adapté à leurs exigences techniques et leur mode de production et plus accessible financièrement que du tout neuf. C’est ainsi que plusieurs agriculteurs du Plateau de Valensole ont mis au point de cette manière leur bineuse pour désherber entre les rangs, mais aussi sur le rang de leurs plantations de lavandes. Parmi eux, Yann Sauvaire, agriculteur à Saint Jurs.

L’autoconstruction, un moyen de faire du sur-mesure

Suite à l’enthousiasme des agriculteurs visitant sa ferme au gré de différentes journées techniques, Agribio 04 organise en avril 2016 une réunion à laquelle les intéressés et l’Atelier Paysan sont invités. Le but : réfléchir collectivement aux besoins en outillage dans la filière PPAM en bio. Les participants confirment alors leur souhait de travailler en priorité sur l’auto-construction de bineuses adaptées à leurs productions de PPAM. Quelques allers-retours entre l’Atelier Paysan, Agribio et les participants sur la base du prototype de Saint Jurs et les premiers plans sont proposés aux participants à la fin de l’année 2016. Un rang ou deux rangs, lames Bathelier pour désherber au plus près des plants ou siège permettant de les contrôler pour les jeunes plantations, déflecteurs pour rappuyer les sillons creusés par les dents… chaque auto-constructeur a pu ensuite définir les options de son matériel à la carte.

La force d’une démarche collective

Maryse Gerbal, une des participantes à la formation

Neuf agriculteurs se sont ensuite retrouvés aux Quatre Chemins à Valensole pour une semaine de stage d’auto-construction encadré par Grégoire Wattinne, ingénieur machinisme à l’Atelier Paysan. A partir de la matière première apportée par ce dernier (pièces prédécoupées), les stagiaires ont donc pendant une semaine scié, soudé, coupé, assemblé collectivement pour au final repartir chacun avec leur bineuse, avec un coût compris entre 1500 et 2000 € HT. « Au départ, je ne savais rien des techniques de soudage et de manipulation des matériaux » nous confie Maryse Gerbal une des participantes au stage avant de poursuivre : « au final, je suis très contente. J’ai bénéficié des connaissances et de l’aide du groupe pour apprendre à construire cet outil : c’est très motivant et enrichissant. Toute seule, je ne me serai jamais lancée dans une telle aventure … je conseille quand même de suivre une initiation à la soudure avant ! Le fait de construire son outil en groupe est un atout considérable. Toute seule, je ne me serai jamais lancé dans une telle aventure. Construire notre propre outil permet en plus de mieux en connaître le fonctionnement, ce qui peut être utile si on veut ultérieurement le modifier ».
Afin de faire le bilan de la démarche et de la partager, une démonstration des outils auto-construits sera réalisée le 18 avril à 14h au Moulin Bonaventure à Valensole. Et les producteurs ont d’ores et déjà des idées dans la tête, comme ajouter un module de tondeuse sur la bineuse pour pouvoir gérer un couvert dans l’inter-rang des lavandes. D’autres chantiers sont à également à venir : les professionnels de la filière devraient se réunir en avril pour appliquer la même démarche sur des trieurs de plantes sèches.

Mathieu Marguerie